Les meilleurs albums hip-hop de 2025
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Chaque année, le hip-hop prouve son inventivité sans fin, et 2025 n'a pas fait exception. Entre productions impeccables, collaborations inattendues et couplets mémorables, les albums de cette année ont su captiver l'attention. Voici les albums hip-hop de 2025 qui m'ont marqué, ceux auxquels je suis revenu sans cesse, et ceux que j'espère vous ferez découvrir et apprécier.
Boldy James & Real Bad Man — Conversational Pieces
Conversational Pieces associe le flow posé de Boldy James à la production brute et soulful de Real Bad Man, pour un album riche en nuances et en réflexions ancrées dans la réalité urbaine. Les rythmes, minimalistes et éthérés, sont souvent construits à partir de samples en boucle, laissant ainsi toute la place aux textes de Boldy pour une précision et une subtilité percutantes. Cet album récompense l'écoute attentive, révélant un phrasé intelligent, un jeu rythmique subtil et des détails de production qui mettent en valeur sans jamais étouffer.
Bruiser Wolf & Harry Fraud — MADE BY DOPE
Bruiser Wolf a toujours semblé planer au-dessus du rythme, explorant des styles inédits avec sa voix, et MADE BY DOPE lui offre un terrain de jeu idéal. La production d'Harry Fraud s'appuie sur des boucles soul vaporeuses et une batterie percutante, juste ce qu'il faut pour ancrer l'ensemble. Le contraste est la clé de la magie : le flow décalé de Wolf se pose sur les élégantes productions de Fraud. L'album se déploie avec une assurance tranquille, deux artistes trouvant un terrain d'entente et y restant suffisamment longtemps pour que leurs histoires s'épanouissent.
Confucius MC & Sebastian Keb — Songs for Lost Travellers
Sur Avec « Songs For Lost Travellers » , le rappeur londonien Confucius MC s'associe au producteur Sebastian Keb pour un album inclassable. Construit à partir d'enregistrements de terrain, de sessions en home studio et de premières prises brutes, il mêle hip-hop, folk et jazz pour créer une œuvre intime et introspective. La production de Keb privilégie une sonorité lo-fi et analogique, mettant l'accent sur les textures chaleureuses, le souffle des bandes magnétiques et une instrumentation subtile plutôt que sur des rythmes programmés ou léchés. Il en résulte une atmosphère ample, presque méditative, qui offre à Confucius MC un espace pour réfléchir au temps, au deuil, à la famille et à l'identité.
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Domo Genesis & Graymatter — SCRAM !
Domo rappe avec une assurance décontractée, distillant des punchlines percutantes sans effort, sur des productions Graymatter qui marient puissance et ambiance. SCRAM ! est un morceau rapide mais riche en détails. C'est le genre d'album rap qui sonne naturel, car tous les musiciens maîtrisent parfaitement leur art.
Earl Sweatshirt — Live Laugh Love
Le dernier album d'Earl est un labyrinthe rapide et insaisissable de souvenirs, de blagues, de discussions sur le basket, de rêves à peine esquissés et de rimes acérées, comme feuilleter le journal intime de quelqu'un qui improvise à voix basse. « Live Laugh Love » dégage une chaleur douce et une certaine fragilité, portée par des boucles poussiéreuses, une rythmique de batterie brute et le flow de plus en plus décontracté et conversationnel d'Earl. Les beats rebondissent comme un ballon de basket à moitié dégonflé et Earl flotte, trébuche, sourit, marmonne et assène des punchlines percutantes sans hausser la voix. C'est court, dense, émouvant, drôle et on a envie de le réécouter en boucle. Un album d'Earl mûr avec la fougue d'un gamin encore passionné de rap.
The Expert — Vivid Visions
Rares sont les albums qui parviennent à retranscrire aussi bien la sensation de flotter dans l'esprit d'un autre que Vivid Visions . Dans cette odyssée tentaculaire de 21 titres, The Expert tisse des rythmes oniriques, glitchés et psychédéliques qui servent à la fois de toile de fond et de terrain de jeu à une pléiade internationale de rappeurs tels que AJ Suede, Blu, NAHReally, Defcee et bien d'autres. Des murmures de piano contemplatifs aux lignes de basse twangy et aux hi-hats saccadés, chaque morceau évoque des images saisissantes et cinématographiques, le tout ancré par une basse profonde et enveloppante. Les collaborations s'étendent sur plusieurs générations et styles, mais chaque couplet semble s'intégrer naturellement au flux kaléidoscopique de l'album. Le résultat est un voyage à la fois minutieux et ludique à travers l'univers en constante expansion du rap indépendant.
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Freddie Gibbs & The Alchemist — Alfredo 2
Gibbs et Alchemist se retrouvent avec une aisance qui ne peut naître que d'une confiance profonde. Alfredo 2 troque la virtuosité pour la précision. Les rythmes d'Alchemist, empreints de mélancolie et de patine, sont faits de claviers feutrés, de percussions poussiéreuses et d'une menace qui monte lentement. Gibbs semble en pleine possession de ses moyens, oscillant entre un récit froid et incisif et des envolées mélodiques acérées. Le charme de l'album réside dans sa retenue : deux vétérans qui évoluent avec une assurance tranquille, sachant parfaitement quand laisser un couplet ou une boucle s'exprimer.
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Gabe' Nandez & Preservation — Sortilège
La production de Preservation a toujours eu une dimension globale et archivistique, et Sortilège laisse libre cours à ces instincts, mêlant cuivres vintage, rythmes hypnotiques et samples distordus et oubliés du monde entier. Gabe 'Nandez s'approprie cette palette sonore avec un chant puissant et profond, tissant mythe, mémoire et précision dans des vers qui semblent sculptés plutôt qu'écrits. Ensemble, ils construisent une œuvre dense mais captivante, un disque qui récompense l'écoute attentive.
Grief Club — Good Mourning
Good Mourning est un album né d'une perte qui bouleverse votre monde intérieur. Grief Club, fruit de la collaboration entre Esh & The Isolations de Boston et Andrew, basé au Royaume-Uni, est né du deuil de deux amis de longue date, emportés par le cancer à peu près au même moment. Au lieu de se replier sur eux-mêmes, ils ont créé une œuvre expansive : un album hip-hop orchestral aux influences variées, brouillant les frontières des genres, qui aborde le deuil à la fois comme une blessure et un catalyseur. La production oscille entre arrangements intimistes, détours mélodiques et rythmes de batterie percutants, offrant aux couplets l'espace nécessaire pour s'épanouir sans sombrer dans le désespoir. Ce qui frappe, c'est l'équilibre : l'émotion brute et la puissance sont tempérées par de magnifiques moments d'harmonie.
Homeboy Sandman & Sonnyjim — Soli Deo Gloria
Le flow souple de Sandman rencontre les rythmes élégants et incisifs de Sonnyjim, pour un résultat à la fois ludique et d'une précision chirurgicale. La production superpose des samples soul, des glitches originaux et une programmation rythmique impeccable, le tout avec une touche minimaliste. Sandman y déploie une énergie communicative, jouant avec les rythmes et revisitant les phrases avec son humour et sa précision habituels. C'est un album concis et percutant qui se révèle pleinement à l'écoute attentive, sans pour autant l'exiger.
Infinity Knives & Brian Ennals — A City Drowned in God’s Black Tears
Infinity Knives et Brian Ennals explorent de nouvelles voies dans leur collaboration, explorant des sonorités plus sombres, plus puissantes et plus incisives. La production oscille entre bruitisme industriel, minimalisme avant-rap et moments d'une beauté fragile. Ennals rappe chaque couplet avec la lenteur d'un homme arpentant une pièce, tandis qu'Infinity Knives le déstabilise par moments. C'est un album d'extrêmes – émotionnels, politiques, sonores – tissé d'une conviction profonde qui justifie chaque virage.
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Mary Sue & The Clementi Sound Appreciation Club — Porcelain Shield, Paper Sword
Cet album donne l'impression d'un univers bâti sur des fragments : des bribes de journal intime, des blagues nocturnes et de petites vérités ciselées avec subtilité et précision. Mary Sue oscille entre le calme du spoken word et des flows incisifs, tandis que le collectif Clementi tisse une toile de fond puisant à parts égales dans le jazz lo-fi, la folk intimiste et une électronique décalée. La production, avec son souffle de bande magnétique et ses percussions délicates, offre un son légèrement flou, mais l'écriture, elle, est d'une grande clarté. C'est un album qui tire sa force de la sobriété, de celles qui persistent longtemps après la dernière note.
Nacho Picasso & Televangel — Séance Musique
Nacho Picasso et Televangel se retrouvent pour un album qui évoque un rituel nocturne. Séance Musique puise dans leur histoire commune au sein des recoins obscurs du cloud rap, la voix rauque et impassible de Nacho tranchant les boucles vaporeuses et les percussions fantomatiques de Televangel. Les rythmes glissent comme des bobines de film déformées, les couplets sont incisifs et posés, empreints de vieilles rancunes, d'humour noir et de ce flegme inimitable de Nacho. C'est une réunion hors du commun, planante, taillée pour les pièces tamisées, basses à fond.
Navy Blue — The Sword & The Soaring
Navy Blue explore ici une palette sonore plus vaste et spirituelle, mêlant des rythmes méditatifs à une écriture oscillant entre introspection et invocation. Sa voix y est plus assurée, plus riche, plus ancrée ; la production s'appuie sur des lignes de basse chaleureuses et des boucles, ainsi que sur des percussions fluides plutôt que claquantes. C'est un album qui se construit depuis les profondeurs de l'âme, avec une assurance et une constance remarquables.